C’est l’Aïd Al Adha (Aïd el Kébir). Ce matin, Karim se réveille très tôt. Il saute du lit et va rejoindre le grand mouton dans la cour.
Il s’en approche et veut lui toucher la tête. Le mouton commence à bêler en donnant des coups de cornes partout. Heureusement qu’il est attaché.
Karim n’insiste pas; il se sauve car il a peur. Il rentre en courant. Une odeur agréable d’encens remplit la maison. La maman prépare déjà dans la cuisine le braséro, le thé à la menthe et range les gâteaux dans un large plat de faïence.
Dans un moment toute la famille se groupera autour de la table et mangera avec plaisir les premières brochettes.
À la télévision, c’est le reportage de la prière de la fête. Tout le monde attend l’heure du sacrifice.
– » Maman, je voudrais mettre les habits neufs « , demande Karim.
– » Non, tu vas les salir; tu t’habilleras quand le mouton sera égorgé. »
Vers onze heures, le reportage de la cérémonie est terminé; on n’entend plus que la musique andalouse. Papa sort et revient, accompagné d’un boucher. Celui-ci, en un clin d’oeil, saisit la bête par ses grandes cornes et la fait tomber. Mon père, les manches retroussées, essaie de l’immobiliser par terre.
Le boucher murmure alors une prière et, en souvenir du sacrifice d’Ibrahim, égorge le mouton.